D’un port à un autre, des travailleurs, des machines et des technologies assurent la danse mécanique des marchandises. Inévitable toile de fond : l’économie.
Du préparateur de commande aux cadres, les tâches sont de plus en plus technologisées. Art du transport et de la circulation, la logistique s’est immiscée partout. Le mouvement des choses, des personnes, des matières, qu’elles soient visibles ou invisibles, est profondément structuré par la pensée logistique. Humains, marchandises, particules de pollution, bactéries transitent dans le grand circuit guidé par la logistique. Nos systèmes ont renforcé l’interdépendance entre humains et objets.

Post Panamax plonge dans cet engrenage où se réalisent d’étranges chorégraphies.

Entreposer, stocker, préparer, recevoir et distribuer les myriades de produits qui modèlent nos corps et nos esprits. Le prix à payer de cette production à flux tendu n’est pas sans conséquence. Le trio de danseurs & danseuses navigue entre danse contemporaine et danses urbaines et plus particulièrement il s'ingénie à prêter aux codes du Popping d'autres trajectoires. L’écriture chorégraphique emmène la pièce vers des micro-pulsions, des variations et un séquençage très précis des différentes parties du corps sur des rythmes infiniment variés et controlés. La danse sonde cette exaspération des logiques marchandes. L’écriture des corps propose des ambiances nettes, parfois vertigineuses où il semble que les parois, les socles de nos existences se décrochent et se dévissent, laissant nos corps en orbites, dans des états stationnaires.

La pièce ouvre des brèches, fenêtres de respiration où se glissent des spirales imprévisibles en lieu et place de flux sous contrôle.